Sur ces pages, vous trouverez des textes écrits par des élèves du collège.
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Un conte écrit par les élèves de 6ème 2 du Collège Albert Camus à Outreau.
Il était une fois, dans une ville du Sénégal, un petit orphelin très pauvre qui aurait eu besoin de faire des petits travaux pour vivre mais personne ne voulait l'embaucher : il ne disait ni bonjour, ni au revoir, ni merci, ni s'il vous plaît… Il n'avait pas été éduqué et personne ne lui avait appris la politesse.
Comme il était très malheureux d'être rejeté, il alla chez son grand-père pour lui rendre visite. Il entra dans la case sans prévenir et alla s'asseoir près du feu sans dire bonjour. Son grand-père lui demanda : " Tu ne dis pas bonjour ? " Mensah ne répondit rien. Son grand-père le regarda : il était petit, il portait des vêtements pauvres et usés mais il avait une belle peau toute noire, de magnifiques cheveux crépus bien bouclés et des yeux noisette très vifs. Il pensa que Mensah ressemblait beaucoup à sa mère, mais sa mère n'était pas si malpolie. Cet enfant aurait vraiment eu besoin de ses parents pour s'occuper de lui. " Viens t'asseoir auprès de moi, je dois t'expliquer quelque chose, dit le grand-père. Je vais t'apprendre la politesse. "
Et il lui expliqua longuement le " bonjour ", le " au revoir ", le " merci ", le " non-merci ", le " avec plaisir ", le " s'il vous plaît ", le " excusez-moi ". Mais Mensah ne comprenait pas. Il s'énervait, il posait des questions mais rien à faire. Pas moyen de faire entrer quoi que ce soit dans sa tête. Il avait l'impression que sa tête était vide : un petit pois ! un petit noyau ! un pépin de raisin ! Désespéré, le grand-père l'envoya chez l'enchanteur Gatabazi, ce qui signifie " Je porte secours. " Il aurait bien voulu trouver une autre solution car le chemin était très dangereux.
Mensah se mit en chemin. Il traversa une forêt sombre. Il entendait des lions rugir. Il faisait très sombre et des chauves-souris le frôlaient. Avec une peur bleue il continua son chemin. Il rencontra un perroquet qui lui dit : " Bonjour ! " du haut d'un cocotier. Mais Mensah ne répondit pas. " Tu ne me dis pas bonjour ?
- Je ne dis pas ce que je ne sais pas.
- Pour la peine, tu vas retourner au début du chemin. "
Le perroquet donna un coup de bec sur la tête de Mensah qui se retrouva devant la case de son grand-père. L'enfant était très étonné.
Il se remit en chemin. Il était en colère de devoir refaire la même route qui était longue et difficile. Il revit le perroquet.
" Bonjour !
- Bo…Bo…Bon… Mais je ne sais pas! Je ne dis pas ce que je ne sais pas !
- Allez, tu y es presque ! Il te manque une syllabe !
- Mais à quoi ça sert ?
- A se faire des amis, à être aimable, à faire plaisir aux autres. Si tu veux te faire respecter tu dois aussi respecter les autres.
- Bon…Bon…Jour…Ce n'est pas si difficile ! C'est comme il fait bon… et puis il fait jour !
- Tu as compris, tu peux continuer ton chemin. Au revoir ! "
Il continua à marcher et un kilomètre plus loin il vit un homme qui barrait le chemin avec ses grandes épaules et tous ses muscles durs comme du fer. Mensah essaya de passer en le bousculant mais il ne bougeait pas du tout. L'homme le prit par la peau des fesses, le souleva de terre et s'écria :
" Tu peux me le demander gentiment ! "
Mensah répondit :
" Je ne dis pas ce que je ne sais pas !
- Tu as pourtant bien appris à dire bonjour ! Ah oui, au fait, tu ne me l'as pas dit ! Bonjour Mensah !
- Bonjour !
- C'est déjà pas mal. On continue. Tu dois me demander de changer de place.
- Changez de place !
- Oui, mais il faut aussi dire le mot magique !
- Qu'est-ce que c'est ?
- S.V.P., s'il vous plaît.
- Sssssssss… Ssssssssssss… Mais à quoi ça sert ?
- A se faire des amis, à être aimable, à faire plaisir aux autres. Allez, essaye !
- Sssssssssssssss… S'il vous plaît !
L'homme disparut d'un seul coup et Mensah continua son chemin. Il se demandait quand il arriverait chez l'enchanteur et, tout en marchant, il se disait que ce n'était pas si difficile d'apprendre la politesse. Mais une autre épreuve l'attendait encore.
La route était barrée par un fossé immense et un grand aigle de toute les couleurs l'aida à traverser. Mensah lui dit " Bonjour , pouvez-vous m'aider pour aller de l'autre côté s'il vous plaît", mais il ne réussissait pas à dire merci et comme il ne réussissait pas il se mit en colère contre l'oiseau et lui cria après.
L'oiseau lui dit alors :
" Ce n'est pas contre moi que tu dois être en colère. J'ai essayé de t'aider. Puisque c'est comme ça je rentre chez moi et pour te punir je te jette un sort que seul Gatabazi pourra lever : puisque tu ne peux pas te comporter comme un être humain, tu deviendras un animal couvert de poils. "
Mensah continua à marcher et il commença à sentir pousser de longs cheveux et une longue barbe.
" Qu'est-ce qui m'arrive ? Je ne suis pourtant pas une fille et je ne suis pas vieux pourtant ! "
Mais il regardait ses pieds tout en marchant et eux aussi se couvraient de poils. Mensah s'appuya contre un arbre et se mit à pleurer. Pour se rafraîchir il s'approcha d'un lac qui se trouvait sur son chemin. Il se pencha sur l'eau et en voyant son visage il se mit à pleurer encore. L'eau du lac se mit à monter tellement ses larmes coulaient fort. Un poisson s'approcha du bord pour voir ce qui se passait et il eut pitié du petit garçon.
" Bonjour ! Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que tu as petit animal ?
- Mais je ne suis pas un animal ! Je suis un petit homme !
- Comment ça se fait que tu sois couvert de poils ?
- C'est l'aigle qui m'a jeté un sort parce que je ne savais pas dire merci. Seul Gatabazi me sauvera !
- Reprend confiance en toi et ne perd pas courage. Gatabazi n'habite pas loin d'ici, juste de l'autre côté de la colline.
- Merci, dit Mensah. Ah ! Je l'ai dit ! "
Mensah sécha ses larmes et se remit en chemin. Il suivit le bord du lac et arriva devant un pont très long et très étroit. Il s'engagea prudemment et arrivé à mi-chemin il se trouva face à face avec un vieillard. Il ne pouvait pas passer car il n'y avait la place que pour une personne. Il dit :
" Bonjour, pouvez-vous me laisser passer s'il vous plaît ? "
Le vieillard répondit :
" Où vas-tu mon garçon ?
- Je vais chez l'enchanteur Gatabazi pour apprendre la politesse.
- Pourquoi es-tu plein de poils ?
- Je me suis fâché avec l'aigle et il m'a jeté un sort. J'espère que Gatabazi pourra me guérir.
- Pourquoi t'es-tu fâché ?
- Je n'arrivais pas à dire merci. Ca m'a mis en colère. Je n'étais pas content de moi.
- Et tu t'es fâché contre l'aigle ? Pourquoi ? Est-ce que c'était de sa faute ?
- Non, c'était de la mienne. Je regrette. S'il revenait je m'excuserais de ma méchanceté.
- Toutes ces épreuves, c'est moi qui te les avais préparées. Je suis l'enchanteur Gatabazi.
- Le perroquet, c'était vous ?
- C'était moi.
- Et l'homme fort, c'était vous ?
- C'était moi.
- Et l'aigle ?
- C'était moi.
- Alors je m'excuse. Mais pourquoi avoir fait tout ça ?
- C'était pour voir si tu pourrais apprendre la politesse. C'est mieux si tu apprends tout seul que si je te jette un sort.
- Comment avez-vous su que je venais ?
- Je l'ai vu dans le grand feu de la nuit des enchanteurs. J'ai préparé des épreuves pour toi. Maintenant tu peux rentrer chez toi, tu connais la politesse. "
Et Gatabazi répandit sur Mensah une poudre : il se retrouva devant chez son grand-père. Il était redevenu normal.
Il frappe à la porte. " Bonjour, grand-père. "
Un " Bonjour " n'a jamais écorché la bouche.
Ecrit par :
Hélène Augé |
Steven Gense |
Pauline Quéhen |
Andy Bazot |
Thomas Jumetz |
Sullivan Ritaine |
Laura Delattre |
Jérémy Lelièvre |
Elisa Rouault |
Angélique Ducloy |
Caroline Libert |
Ophélie Sailly |
Laura Dumoutier |
Sabrina Lothe |
Annaëlle Sala |
Alicia Ficheux |
Nicolas Magrit |
Patrick Soubitez |
Estéban Fourneau |
Perrine Pierru |
Cyrille Tellier |
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(Devant la maison.)
L'homme
Tiens, femme, j'ai amené des perdrix.
La femme
Si tu veux je vais les faire cuire.
L'homme
Tu sais, le curé mérite bien un dîner. Veux-tu que j'aille l'inviter ?
La femme
Oui. Ce soir je lui préparerai ces perdrix !
(L'homme s'en va. La femme commence à préparer les perdrix et les met à la broche.)
Mmmmmm ! Qu'elles sont belles ces perdrix ! J'aimerais les manger ! Mais si je les mange, mon homme ne va pas être content ! Est-ce qu'elles sont cuites ? Oui ! Bon, tant pis, je vais manger son cou, il n'en saura rien !(Elle découpe et mange les parties de la perdrix qu'elle cite.)Bon, allez, je vais encore manger les ailes et s'il me demande où elles sont je dirai que les chats les ont mangées ! Hummm ! Bon , encore un petit bout ! Oh, c'est trop bon, tant pis, je les finis !
(Le mari entre. La femme s'essuie rapidement les mains et la bouche.)
Le mari
Ca y est, le curé a accepté l'invitation. Mais où sont les perdrix ?
La femme
Les chats les ont mangées.
(Le mari se jette sur la femme comme pour la battre. Elle a très peur.)
La femme (très vite)
Non ! C'est pour rire ! Allez, sors d'ici, démon, j'ai mis les perdrix au chaud.
L'homme
Bon, on va manger dans le pré et on prendra la plus belle nappe.
La femme
Va donc aiguiser ton grand couteau pour découper les perdrix.
Le curé (frappe à la porte et entre)
Bonjour, madame.
La femme
Fuyez, fuyez, mon homme est devenu fou ! Il est parti chercher son couteau pour vous découper les oreilles !
(Le curé regarde dans la direction où est sorti le mari et s'enfuit à toutes jambes.L'homme entre dans la maison. La femme se met à crier.)
La femme
Vite, vite ! Quel malheur ! Le curé est parti tout courant avec tes perdrix !
(L'homme se dirige là où le curé est sorti. Puis il revient à la femme.)
L'homme
Femme, dis moi comment tu as perdu les perdrix.
La femme
Le curé m'a demandé de les lui montrer et il est parti avec !
L'homme
Il est devenu fou ! (Il sort.)
La femme (en riant)
Comme il est facile pour une femme de tromper des hommes !
Classe de 5ème 2, 2000-2001, d'après Fabliaux du Moyen Age,
Coll. Etonnants Classiques GF Flammarion 1998
Le premier frère
Eh! Tu es là ?
Le deuxième frère
Alors, c'est ça, le coucher du soleil ? Tu devais être là AVANT le coucher du soleil!
Le premier frère
Ah ben écoute, j'ai faim, j'ai cherché après un bout de pain ! je n'ai rien mangé depuis 15 jours et avec ces habits pleins de trous j'ai froid .
Le deuxième frère
Il n'y a pas que toi !Moi aussi je crève de faim !Ne t'en fais pas, ce soir on va aller chez le pépé d'à côté voler de la nourriture.
Le premier frère
Qu'est-ce qu'on va voler ?
Le deuxième frère
Des choux et un mouton.
Le premier frère
Tu n'as pas peur de te faire prendre ?
Le deuxième frère
Mais non, le voisin est un sot ; même s'il nous entend on lui jouera un mauvais tour.
Le premier frère
Ah bon, il est bête à ce point-là ?
Le deuxième frère
Ben oui, tu vois ! Un jour il a payé son pain et il a oublié de le prendre. Une autre fois il a acheté de la laine de mouton et il l'a payée très cher : on lui a fait croire qu'elle avait des pouvoirs magiques !
Le premier frère
Alors c'est parti la compagnie !
(Les deux voleurs entrent dans le jardin. Le premier trébuche.)
Le premier frère
Aïe ! Je viens de me casser la figure !
Le deuxième frère
Chut ! Imbécile, on va nous entendre !
(Le premier frère se met à couper des choux .La lumière s'allume dans la maison. Le père apparaît à la porte en chemise. Le fils le suit.)
Le père
Mon fils, j'ai entendu du bruit ! Va donc voir ce qui se passe dans le jardin et appelle le chien !
(Le fils s'éloigne un peu de la maison et appelle.)
Le fils
Estula ? Estula ?
Le premier frère
Oui, je suis là !
Le fils (Retourne vers son père tout énervé)
Père ! Venez vite ! Notre chien vient de me parler !
Le père
Quoi ? Notre chien ?
Le fils
Oui !
Le père
Arrête de dire des bêtises !
Le fils
Je vous assure, père, je l'ai bien entendu ! Venez voir vous-même !
Le père (s'avance dans le jardin)
Estula ! Estula !
Le premier frère
Oui, je suis là !
Le père (au fils)
Seigneur ! C'est une grande merveille que j'entends là ! Va chercher le curé avec son étole.
(Le fils part en courant et arrive à la maison du curé.)
(Le fils frappe à la porte et le curé sort.)
Le curé
Que veux-tu mon garçon ? Pourquoi frappes-tu aussi tard ?
Le fils
Sire, venez ouïr de grandes merveilles : jamais vous n'en avez entendu de pareilles ! Prenez l'étole à votre cou.
Le curé
Mais tu es fou ! Je suis pieds nus !
Le fils (insistant)
Je vous porterai.
Le curé
Bon, je viens avec toi. Mais gare à toi si tu m'as réveillé pour rien.
(Le fils emmène le curé.)
Le premier frère
Apportes-tu quelque chose ?
Le fils
Oui, ce qu'il me fallait.
Le premier frère
Vite ! Jette-le à terre ! Mon couteau est bien aiguisé ; je l'ai fait hier affûter à la forge ; je m'en vais lui couper la gorge.
(Le curé croit qu'on l'a attiré dans un guet-apens. Il saute à terre des épaules .Son surplis s'accroche à la barrière. Le fils court s'enfermer dans la maison. Le premier frère reste éberlué. L'autre le rejoint, une brebis sur le dos.)
Le deuxième frère
Ca y est, j'ai ce qu'il nous fallait.
Le premier frère
(Il ramasse le surplis.) Regarde ce que j'ai trouvé ! Le curé est venu mais il n'a pas demandé son reste ! Et voici que notre butin est encore augmenté.
(Ils se dirigent vers la sortie de la scène.)
Le deuxième frère
Nous avons maintenant de quoi manger pour quelques temps. Tel qui rit le matin qui pleure le soir et tel est renfrogné le soir qui au matin retrouve la joie ! (Les frères sortent en riant.)
Classe de 5ème 2, 2000-2001, d'après Fabliaux du Moyen Age,
Coll. Etonnants Classiques GF Flammarion 1998
Les trois aveugles de Compiègne
(Trois aveugles sont devant un poteau indicateur " Senlis ". Un homme accompagné de son valet s'approche.)
Le premier aveugle
Si on allait à Senlis ? On trouverait peut-être du travail ou quelqu'un nous donnerait de l'argent.
Le deuxième aveugle
Oui, c'est une bonne idée. Ecoutez, j'entends quelqu'un s'approcher, pas vous ?
Les deux autres
Ah, oui !
Le premier (au clerc)
Nous sommes très pauvres ! Faites nous quelque bien !
Le deuxième aveugle
Oui, nous sommes très pauvres et quelle misère de ne pas voir !
Le clerc (à son valet)
Regarde-moi ces aveugles ! Personne ne les conduit ! Comment font-ils pour se déplacer ? Si je leur jouais un mauvais tour ! (Aux aveugles) Tenez, voici un besant. Je vous le donne pour vous trois.(Il ne donne rien.)
Le troisième aveugle
Dieu vous le rende !
Le valet (tout bas)
N'avez-vous pas peur de causer bien des soucis à ces hommes ?
Le clerc
Nous allons les suivre, nous verrons bien ce qui leur arrive !
Le troisième aveugle
Celui qui nous a donné cela nous a fait un beau cadeau. Savez-vous ce que nous allons faire ?
Le deuxième aveugle
Retournons à Compiègne, donnons-nous un peu de plaisir, il y a tout ce qu'il faut là-bas.
Le premier aveugle
Bien parlé, repassons le pont.
(Les aveugles traversent la scène et se retrouvent devant la porte de l'auberge.)
L'aubergiste (Il crie.)
Par ici, bon vin, frais et nouveau ! Vin d'Auxerre et de Soissons, pain blanc, viande et poissons! On loge ici à son aise et on peut bien employer son argent !
Le premier aveugle
Allons là-bas ! (Ils se dirigent tous les trois vers la porte et s'assoient à la terrasse de l'auberge.)
Le deuxième aveugle
Aubergiste, ne nous dédaignez pas parce que nous sommes mal vêtus !
Le premier aveugle
Nous voulons être servis à part, comme les gens mieux nippés ! Nous paierons bien car nous avons de quoi !
L'aubergiste (au garçon)
Servons-les bien, ces gens-là ont souvent la bourse bien garnie.
Le troisième aveugle
Eh bien, allez, faites-nous servir !
Le clerc (s'installe avec son valet à une autre table. A son valet.)
Je sens qu'on va bien s'amuser.
(Les trois aveugles boivent ce que leur sert l'aubergiste.)
Le premier aveugle
Tiens, je t'en donne, donne m'en à ton tour, c'est un fameux vin !
Le deuxième aveugle
Oui, il est excellent. Aubergiste, encore une bouteille !
(L'aubergiste les sert de nouveau. Ils boivent en montrant leur satisfaction. Dans un coin, l'aubergiste et le valet font les comptes puis le valet se présente avec la note.)
Le valet
Mon maître veut être payé !
Le premier aveugle
C'est juste. Combien devons-nous ?
Le valet
Dix sous.
Le deuxième aveugle
Ce n'est pas trop. Nous avons un besant qui est sans doute de bon poids. Tenez, rendez-nous la monnaie.
Le valet
Volontiers.
(Les trois aveugles se lèvent et font mine de s'en aller. Pendant ce temps le valet apporte la note au clerc.)
Le valet
Eh ! Vous ne m'avez rien donné !
Le premier aveugle
Lequel est-ce qui l'a ?
Le deuxième aveugle
Ce n'est pas moi.
(Le clerc et son valet observent la scène et s'amusent de plus en plus jusqu'à la fin.)
Le premier aveugle
C'est donc Robert Barbefleurie ?
Le troisième aveugle
Non, c'est toi !
Le premier aveugle
Pas du tout !
Le deuxième aveugle
Qui l'a donc ?
Le troisième aveugle
Toi !
Le premier aveugle
Toi !
L'aubergiste
Dépêchez-vous, truands, sinon gare les coups et gare la prison !
Le deuxième aveugle
Mais non, messire, nous allons vous payer.
Le premier aveugle
Allons Robert, donne le besant, c'est toi qui l'a reçu.
Le troisième aveugle
C'est toi qui marchais le premier.
Le premier aveugle
Non, c'est toi qui allais en arrière, donne-le donc, moi je ne l'ai pas !
(Ils se disputent.)
L'aubergiste
Je vois ce que c'est, on se moque de moi, qu'on me donne un bâton !
Le valet (à son maître)
Est-ce que vous ne croyez pas que ça suffit, monsieur ?
Le clerc (il s'approche de l'aubergiste)
Que se passe-t-il ? Que voulez-vous à ces gens ?
L'aubergiste
Ils m'ont bu et mangé pour dix sous et ils veulent m'attraper ! Mais ils en auront honte et dommage.
Le clerc
Eh bien, mettez tout cela sur mon compte, et mettez que je vous dois quinze sous. Il faut avoir pitié des pauvres gens !
L'aubergiste
D'accord, vous êtes bon et généreux !
(Le clerc paye et les trois aveugles s'en vont bien contents.)
Classe de 5ème 2, 2000-2001, d'après Fabliaux du Moyen Age,
Coll. Etonnants Classiques GF Flammarion 1998